Balado du CCHST : Consommation de substances, stigmatisation et dépendance chez les hommes travaillant dans des métiers spécialisés
Intro: Ce balado est une présentation du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.
Le CCHST se situe sur le territoire traditionnel des Ériés, des Neutres, des Hurons-Wendats, des Haudenosaunee et des Mississaugas. Ce territoire est visé par le Pacte de la ceinture wampum faisant référence au concept du « bol à une seule cuillère », qui est un accord entre les Haudenosaunee et la Nation des Anishinabek visant à partager les ressources autour des Grands Lacs. Nous reconnaissons également que ce territoire est régi en vertu du traité Achat entre les lacs de 1792 entre la Couronne et la Première Nation des Premières nations des Mississaugas de Credit.
Anne : Bonjour, et bienvenue au balado de la santé et sécurité pour emporter, une présentation du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. Je suis Anne Tennier, présidente et chef de la direction du Centre et je suis accompagnée aujourd’hui par la docteure Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada. En tant que principale professionnelle de la santé publique au gouvernement fédéral, elle fournit des conseils pour aider à protéger la population du Canada contre les menaces pour la santé, à faire progresser l’équité en santé et à promouvoir des communautés plus saines en utilisant les meilleures données et preuves disponibles. Pendant plus de 25 années dans le domaine de la santé publique, le docteur Tam a fourni l’expertise technique et du leadership pour améliorer la surveillance des maladies transmissibles et des méfaits des opioïdes, renforcer les programmes de vaccination, consolider la gestion des urgences sanitaires et augmenter la biosécurité et la biosûreté dans les laboratoires. En tant que chef de file national de la santé publique au Canada, elle a joué un rôle déterminant en aider à orienter la réponse du Canada face à la pandémie de la COVID-19, y compris le lancement de la plus grande campagne de vaccination de l’histoire du Canada. Mais j’aimerais profiter de l’occasion pour vous remercier de votre leadership pendant cette période très difficile pour les Canadiens et Canadiennes. Le CCHST a eu le privilège de travailler avec votre équipe tout au long de la pandémie et au-delà. Docteur Tam, c’est un plaisir de vous avoir parmi nous.
Theresa : Merci Anne, pour cette opportunité de participer à votre balado.
Anne : Aujourd’hui, nous abordons un sujet qui est au cœur des pré… préoccupations des fournisseurs de soins de santé, des employeurs et des familles de travailleurs concernés, soit la consommation de substances, les dépendances et la stigmatisation. Que pouvez-vous nous dire sur la consommation de substances et ses répercussions, plus particulièrement chez les hommes dans les corps de métiers au Canada?
Theresa : Merci pour cette question. Hum… Nous avons une crise de santé publique grave au Canada, maintenant, due à l’offre de drogues illicites toxiques. Selon les données nationales, depuis 2016, plus de 47 000 personnes au Canada sont décédées d’une intoxication apparemment liée aux opioïdes. Les hommes représentaient près de trois quarts de ces décès; et 30 à 50 % de personnes occupant un emploi au moment de le décès exerçaient un métier spécialisé. Donc, non seulement les taux de surdoses d’opioïdes au Canada semblent plus élevés chez les hommes, mais les travailleurs de métiers spécialisés sont également plus touchés par la consommation de substances et la dépendance que ceux qui exercent d’autres professions. C’est la raison pour laquelle les hommes qui exercent un métier spécialisé sont plus touchés par méfaits liés à la consommation de substances (sont multiples). Les raisons pour lesquelles les hommes qui exercent un métier spécialisé sont plus touchés par les méfaits liés à la consommation de substances sont multiples : ils ont un métier stressant et exigeant du point de vue physique. Il n’est pas rare que les travailleurs de métiers spécialisés prennent des substances comme des drogues, des médicaments ou de l’alcool pour célébrer ou pour se détendre après le travail. Comme les blessures et la douleur sont courantes chez les travailleurs, ils ont souvent recours à l’alcool ou d’autres substances pour y faire face. Le soulagement de la douleur est l’un des moyens par lesquels les gens s’initient aux opioïdes. Fréquemment, ces hommes ne parlent pas de leur consommation de substances ou de leurs problèmes de santé mentale. Ils sont donc moins enclins à demander de l’aide. C’est pourquoi le gouvernement du Canada a beaucoup investi pour tendre la main aux hommes qui occupent des emplois physiquement exigeants. Son objectif est de les encourager à devenir plus à l’aise de demander de l’aide en cas de problème de consommation de substances ou de dépendance.
Anne : Merci d’avoir fait le point, docteur Tam. Quels sont les problèmes rencontrés par les employeurs?
Theresa : Les employeurs, les syndicats et les professionnels de santé et la sécurité, qui soutiennent les employés, voulaient parler de cette question. Mais ils ne savaient pas quand et comment l’aborder. Les syndicats et les employés souhaitaient que les renseignements soient regroupés et rendus publics, ce qui aiderait à lancer la discussion. Ainsi, les gens seraient plus à l’aise de parler de leur consommation de substances et de leur dépendance. C’est pourquoi Santé Canada a relancé la campagne Allégeons le fardeau, qui communique le message qu’il faut de la force pour demander de l’aide afin de réduire la stigmatisation associée à la consommation de substances et à la demande d’aide. Lancée initialement en 2022, la campagne informe les gens au sujet de la consommation de substances et de la dépendance. Elle cible les hommes qui exercent un métier spécialisé, car ils sont disproportionnellement touchés par la dépendance. En complément à la campagne de publicité, des affiches ont été distribuées dans les établissements d’enseignement professionnel et les collèges du pays pour accroître la sensibilisation des étudiants en formation professionnelle.
Anne : Il peut être difficile pour les travailleurs de demander de l’aide, vous l’avez déjà mentionné.
Theresa : Oui.
Anne : Que peut-on faire pour réduire la stigmatisation à cet égard?
Theresa : Nous savons que certains travailleurs évitent de demander de l’aide parce qu’ils craignent de se faire juger, d’avoir des ennuis ou d’être perçus comme étant faibles. En fait, nous savons qu’il faut de la force pour demander de l’aide. Cependant, nous pouvons les aider en réduisant la stigmatisation et en veillant à ce qu’ils se sentent suffisamment en sécurité et soutenus pour demander de l’aide. Nous pouvons alléger le fardeau. Donc, que faire pour aider une personne? D’abord, soyez respectueux, ouvert et patient, car cette personne pourrait avoir peur de parler. Expliquez-lui qu’il faut être fort pour demander de l’aide. Aussi, expliquez-lui que la dépendance n’est pas un choix ni un échec personnel. Elle modifie littéralement le cerveau. Après ça, n’oubliez pas que les personnes qui vivent avec une dépendance méritent les mêmes soins que celles qui ont n’importe quel autre pro… problème de santé. Pour finir, orientez-la vers les réseaux gratuits pour obtenir des conseils d’experts et un soutien ou bien vers quelqu’un à qui parler. Maintenant, que faire si vous êtes personnellement aux prises avec un problème de consommation de substances? Sachez que la dépendance n’est pas un choix. Elle modifie votre cerveau. Si bien, qu’il est difficile d’arrêter de consommer, même quand vous le sou… voulez. Alors, parlez-en à quelqu’un comme un ami, un professionnel de la santé, un représentant syndical ou un programme d’aide aux employés. Aussi, de l’aide Paroles incompréhensibles. Vous avez accès à des ressources gratuites, notamment à des conseils professionnels confidentiels et à un soutien, où que vous soyez. Sachez qu’il y a de l’espoir. La vie peut s’améliorer avec le bon soutien.
Anne : Que peuvent faire les employeurs des corps de métiers pour aider les travailleurs? Vous l’avez mentionné, mais est-ce qu’il existe des ressources propres à ces métiers?
Theresa : Oui, bien sûr. Pour outiller davantage les employeurs et les syndicats, Santé Canada a préparé la trousse d’outils de communication pour les employés, donc, qui exercent certains métiers. Celle-ci propose des produits de communication pour aider les employeurs à parler de consommation de substances et de dépendance avec les employés. L’objectif est de permettre à ces travailleurs de se sentir suffisamment en sécurité et soutenus pour demander de l’aide s’ils ont des problèmes de consommation de substances et de réduire la stigmatisation liée à l’obtention d’une aide. Notre trousse est très utile. On y trouve un modèle de courriel, une affiche, une présentation, du contenu pour les médias sociaux et du contenu pour site Web. La trousse d’outils est accessible à partir du site Canada.ca.
Anne : Qu’avez-vous en tête pour votre campagne? Et comment peut-elle aider les employeurs et les travailleurs?
Theresa : En fait, la campagne Allégeons le fardeau a été lancée en 2021-2022. Axée sur les hommes exerçant certains métiers exigeants, elle a duré deux ans. La campagne de relancement de 2024-2025 porte sur plusieurs métiers : la construction, la foresterie, l’exploitation minière et le transport. La page Web de la campagne inclut maintenant aussi des ressources sur la façon de parler de drogue et d’alcool avec un proche. Les deux volets de la campagne de publicité, l’un à l’été et l’autre à l’automne, ont connu un grand succès. Le volet estival de la campagne a très bien fonctionné. Les publicités ont été vues 41,7 millions de fois! Le volet automnal a pour but la poursuite de la sensibilisation et l’aiguillage de ces travailleurs vers des ressources utiles.
Anne : Souhaitez-vous ajouter quelque chose au sujet de la consommation de substances, des dépendances et de la stigmatisation sez les chommes… chez les hommes dans le corps des métiers?
Theresa : Ah oui, bien sûr. Comme vous le savez peut-être déjà, la semaine du 25 novembre était la semaine nationale de sensibilisation aux dépendances. C’est un très bon moment de se renseigner sur la consommation de substances, de même que sur les problèmes que vivent les hommes exerçant un métier spécialisé. Celle-ci est une période où nous pouvons les encourager à demander de l’aide, mais la sensibilisation doit se poursuivre tout au long de l’année. J’aimerais ajouter que il est très prudent de garder une trousse de Naloxone à portée de main. C’est Paroles incompréhensibles un moyen de vous rendre utile si vous êtes témoin d’une surdose d’opioïdes est d’avoir sur vous de la Naloxone. La Naloxone est un médicament à l’action rapide utilisé pour inverser tem… temporairement les effets d’une intoxication aux opioïdes. Donc la Naloxone ne peut pas être utilisée de manière inappropriée et ne crée pas de dépendance. Donc c’est très utile de garder une trousse près de chez vous.
Anne : Vous avez vraiment souligné des excellentes ressources et c’était des très bons rappels, docteur Tam.
Theresa : Il y a un nombre très important que j’aimerais communiquer. C’est le 988, ligne d’aide en cas de crise de suicide, afin que les gens de tout le Canada puissent avoir accès à un important service de secours, peu importe l’heure de la journée ou l’endroit où ils habitent. Donc tous les personnes du Canada peut désormais téléphoner ou envoyer un message texte au 988 pour obtenir un soutien en manière de prévention du suicide à l’encontre des traumatismes et adapté à la culture, en français et en anglais, quel que soit son lieu de résidence. Donc c’est un nombre très important de mettre dans notre cerveau.
Anne : Alors, docteur Tam, nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous faire part de votre expertise aujourd’hui. Pour de plus amples renseignements sur la consommation de substances, la stigmatisation et les dépendances en milieu de travail, visitez notre site Web : CCHST.ca.
Merci d’avoir été des nôtres.